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Bruxelles au milieu du XIVe si%u00e8cle. Les travaux r%u00e9cents d%u2019historiens ont montr%u00e9 que la procession est li%u00e9e %u00e0 des circonstances politiques bien pr%u00e9cises. Selon toute vraisemblance, l%u2019Ommegang est organis%u00e9 pour la premi%u00e8re fois le 5 juin 1356 afin de galvaniser la population bruxelloise au moment o%u00f9 les troupes ennemies du comte de Flandre sont aux portes du duch%u00e9. Cette date n%u2019a pas %u00e9t%u00e9 choisie au hasard%u00a0: le 5 juin marque en effet l%u2019anniversaire de la bataille de Worringen (1288), grande victoire qui offre au Brabant la possession du duch%u00e9 de Limbourg. Jusqu%u2019%u00e0 la fin du XVIIe si%u00e8cle, la sortie de l%u2019Ommegang ne change pas de date%u00a0: il a g%u00e9n%u00e9ralement lieu le dimanche avant la Pentec%u00f4te. Fait %u00e9tonnant, la procession de Notre-Dame-du-Sablon n%u2019est pas celle d%u2019une paroisse mais bien celle d%u2019une guilde, celle des arbal%u00e9triers. Tr%u00e8s vite, elle va s%u2019imposer comme la plus importante manifestation festive de ce genre aux d%u00e9pens m%u00eame de la procession de l%u2019%u00e9glise principale de Bruxelles, la coll%u00e9giale des Saints-Michel-et-Gudule.En 1615, la sortie de l%u2019Ommegang rev%u00eat un %u00e9clat particulier selon la volont%u00e9 m%u00eame des archiducs Albert et Isabelle qui gouvernent nos r%u00e9gions. Les j%u00e9suites, qui incluent le th%u00e9%u00e2tre dans leur programme d%u2019%u00e9tudes, sont ainsi appel%u00e9s en renfort pour l%u2019organisation du cort%u00e8ge, ils font d%u00e9filer leurs %u00e9l%u00e8ves sur des chars de parade. Afin de mieux pr%u00e9parer cet Ommegang et de lui donner la solennit%u00e9 voulue, la date de sortie est recul%u00e9e au 31 mai (date admise par la majorit%u00e9 des historiens). Cependant, voix discordante, le t%u00e9moignage d%u2019un diplomate anglais pr%u00e9sent sur place indique qu%u2019il eut lieu le 8 juin. Les festivit%u00e9s commencent cependant le 15 mai. L'archiduchesse Isabelle participe au concours annuel de tir %u00e0 l%u2019arbal%u00e8te. L%u2019infante r%u00e9ussit %u00e0 abattre le papegai plac%u00e9 sur la fl%u00e8che de Notre-Dame du Sablon, elle est proclam%u00e9e reine de la confr%u00e9rie et les r%u00e9jouissances se poursuivent pendant plusieurs jours, renouant avec la splendeur du pass%u00e9.D%u00e9sireux de prouver %u00e0 Madrid la r%u00e9alit%u00e9 du pouvoir qu%u2019ils exercent sur les Pays-Bas m%u00e9ridionaux, les archiducs font de l%u2019Ommegang un instrument de propagande. Il importe de montrer %u00e0 Madrid l%u2019ampleur de l%u2019%u00e9v%u00e9nement qui doit %u00eatre immortalis%u00e9 sur une suite de toiles command%u00e9es %u00e0 Denis van Alsloot. M%u00eame si les tableaux ne constituent pas des comptes-rendus %u00e0 la pr%u00e9cision photographique, comme on l%u2019a longtemps pens%u00e9, ils rendent l%u2019%u00e9v%u00e9nement particuli%u00e8rement vivant et compr%u00e9hensible. N%u2019oublions pas que les tableaux ont %u00e9t%u00e9 peints en atelier, apr%u00e8s les %u00e9v%u00e9nements qu%u2019ils repr%u00e9sentent. Ils sont le r%u00e9sultat de choix iconographiques et stylistiques bien particuliers destin%u00e9s %u00e0 servir un discours politique pr%u00e9cis. Dans ce cas, les tableaux qui comm%u00e9morent l%u2019%u00e9v%u00e9nement chantent la gloire des archiducs et c%u00e9l%u00e8brent leur aptitude %u00e0 gouverner. La paix qu%u2019ils assurent par leur sage gouvernement est favorable %u00e0 la tenue de festivit%u00e9s traditionnelles.34