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un arc et de joueurs de cornemuses (v%u00eatus %u00e0 l%u2019orientale?). Un g%u00e9ant %u00e0 l%u2019aspect guerrier ouvre la marche. La g%u00e9ante qui le suit fait penser %u00e0 une dame de la cour espagnole (coiffure stricte, rabats d%u2019%u00e9paule, fraise), elle tient un mouchoir dans la main gauche et un %u00e9ventail dans la droite. Il s%u2019agit sans doute du couple d%u00e9crit par le chroniqueur Calvete de Estrella en 1549. Vient ensuite un Turc (couvre-chef oriental, cimeterre pendant %u00e0 la ceinture) accompagn%u00e9 d%u2019une g%u00e9ante dont la mise %u00e9voque plut%u00f4t les modes fran%u00e7aises (col de dentelle relev%u00e9 comme on en voit sur les portraits contemporains de Marie de M%u00e9dicis). Deux \Pour rappel, les \et grotesque qui figurent dans les cort%u00e8ges de carnaval (leur origine est espagnole). D%u2019autres \%u00e9tranges %u00e0 voile flottant et au bras droit lev%u00e9 embo%u00eetent le pas au couple de Turcs. Incarnent-ils les enfants des deux couples? Et faut-il voir un dernier rejeton dans le b%u00e9b%u00e9 dont le berceau %u00e0 courtepointe rouge est tir%u00e9 par quatre mules? Que repr%u00e9sentent les autres personnages? Certains ont l%u2019air d%u2019%u00eatre des fous, d%u2019autres des enfants tenus en lisi%u00e8re. Ces derniers tiennent en main des instruments bien %u00e9tranges. Seul le cheval Bayard qui ferme la marche nous emm%u00e8ne en terrain connu. Dix-neuf villes des anciens Pays-Bas ont adopt%u00e9 cette figure populaire dans leur ommegang : le destrier, sombre et noble, qui porte les quatre fils Aymon symbolise la d%u00e9fense des libert%u00e9s communales et l%u2019ind%u00e9pendance de nos fi%u00e8res cit%u00e9s.Comme on le voit, le D%u00e9fil%u00e9 des g%u00e9ants et du cheval Bayard soul%u00e8ve bien des questions. Cependant r%u00e9jouissons-nous, le tableau n%u2019est plus r%u00e9serv%u00e9 au seul plaisir d%u2019un particulier. Il est d%u00e9sormais accroch%u00e9 aux cimaises d%u2019un prestigieux mus%u00e9e et tous peuvent venir l%u2019y admirer. N%u2019est-ce pas l%u00e0 la finalit%u00e9 de toute %u0153uvre d%u2019art? Jean-Paul HeerbrantMuseo Nacional del PradoPaseo del Prado28014 Madridhttps://www.museodelprado.es/fr/Note :1Comprendre: \Ci-contre : David Noveliers, L%u2019Ommegang de 1615, Le D%u00e9fil%u00e9 des g%u00e9ants et du cheval Bayard, 1616 (d%u00e9tail). (D.R. Museo del Prado, Mardrid) 36