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                                    22superficielle comme synonyme de licences outranci%u00e8res et autres truculences gaillardes, r%u00e9v%u00e8lent pourtant lors d%u2019un examen plus approfondi une structure sociale vari%u00e9e et mouvante, sur un fond irr%u00e9ductible de conflits. Durant la p%u00e9riode 1550-1650, l%u2019Europe est en guerre perp%u00e9tuelle. La f%u00eate est une r%u00e9ponse %u00e0 cette situation d%u2019angoisse et d%u2019%u00e9pouvante. La f%u00eate est diversion et soupape tout en %u00e9tant r%u00e9gulatrice. L%u2019art qui se d%u00e9ploie lors de c%u00e9l%u00e9brations illustre les aspirations l%u00e9gitimes %u00e0 la paix. La f%u00eate cherche %u00e0 rassembler toutes les couches de la soci%u00e9t%u00e9 sans pour autant remettre en cause les disparit%u00e9s sociales.Cette premi%u00e8re section %u00e9voque les souffrances des populations : si%u00e8ges de villes, pillages et attaques, escarmouches entre paysans et soldatesque... Les horreurs de l%u2019%u00e9poque (le tableau montrant la furie espagnole d%u2019Anvers en 1576 est une vision de cauchemar) deviennent un leitmotiv des %u0153uvres du XVIIe si%u00e8cle. De mani%u00e8re surprenante, la repr%u00e9sentation d%u2019un combat ou d%u2019une bataille est parfois associ%u00e9e avec celle d%u2019une f%u00eate villageoise : celle-ci incarne alors une accalmie, une pause et repr%u00e9sente la l%u00e9gitime aspiration %u00e0 la paix. Cette opposition entre violence et d%u00e9lassement forme le socle de l%u2019exposition.La seconde section, la plus %u00e9toff%u00e9e, regroupe essentiellement trois types de f%u00eates et de c%u00e9r%u00e9monies urbaines : les Joyeuses Entr%u00e9es et r%u00e9ceptions princi%u00e8res, les f%u00eates religieuses, l%u2019ommegang et le concours de tir %u00e0 l%u2019oiseau des corporations dites militaires, auquel le prince ou son repr%u00e9sentant %u00e9tait r%u00e9guli%u00e8rement invit%u00e9. Tous ces %u00e9v%u00e9nements t%u00e9moignent %u00e0 des degr%u00e9s divers d%u2019un brassage entre sacr%u00e9 et profane, d%u2019un m%u00e9lange des genres allant du solennel au pur divertissement. Les premiers sont d%u2019ordre strictement civique: il s%u2019agit d%u2019accueillir l%u2019autorit%u00e9 princi%u00e8re, en particulier %u00e0 l%u2019aide d%u2019arcs de triomphe et de repr%u00e9sentations th%u00e9%u00e2trales. Deux entr%u00e9es solennelles d%u2019Anvers sont mises en exergue : celle des archiducs Albert et Isabelle en 1599 et celle du Cardinal Infant Ferdinand en 1635. Dans ce dernier cas, plusieurs projets de Rubens pour les arcs de triomphe ont %u00e9t%u00e9 conserv%u00e9s. Ils figurent ici. Les f%u00eates religieuses seront %u00e9voqu%u00e9es %u00e0 l%u2019aide de gravures et de peintures, tandis que l%u2019ommegang et la participation au tir des arbal%u00e9triers bruxellois de l%u2019infante Isabelle en 1615, de m%u00eame celui de l%u2019archiduc L%u00e9opold Guillaume en 1651, le sont %u00e0 travers les riches t%u00e9moignages qu%u2019ils ont laiss%u00e9s : dessins, peintures, manuscrits, objets%u2026 Ces f%u00eates, aussi grandioses soient-elles, poss%u00e8dent %u00e9galement un caract%u00e8re fonci%u00e8rement ludique, ce qui assure la transition avec la section suivante.Cette troisi%u00e8me partie fait passer le visiteur de la ville au village. Elle est illustr%u00e9e par des tableaux %u2013 dont certains monumentaux %u2013 dans la tradition brueghelienne et par des peintures dans la veine de Teniers. Si ces tableaux en sont venus %u00e0 former un genre en soi (\processus de reprise en main, par l%u2019autorit%u00e9 locale, des saturnales paysannes. Les puissants ne craignent plus de se m%u00ealer d%u00e9sormais aux villageois et de partager leurs plaisirs. Ainsi en est-il dans Les noces paysannes en pr%u00e9sence 
                                
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